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Et quoique je lui doive en qualité d'époux, Je mourrai de regret de n'être pas à vous. Voila de ma tendresse une preuve assez ample. Pour signaler la vôtre imitez mon exemple : D'un coeur né pour la gloire effacez tous mes traits ; Et ne m'accablez point d'inutiles regrets. Après m'avoir aimé, devenir insensible, Si c'est pour un héros un effort si pénible ; Si vous en frémissez ; quel serait votre effroi, Si vous aviez le coeur aussi tendre que moi ?

Germanicus

Et que m'importe, hélas ! quand tout me désespère, Qui m'arrache le jour de vous, ou de Tibère ? Si j'échappe à sa haine, expirer de douleur, Vous perdre, enfin, Madame, est-ce un moindre malheur ? Ne craignez pourtant rien de mon amour extrême : L'ordre que je reçois m'est une loi suprême : J'ai peur, si je restais plus longtemps en ces lieux, Que mon sort envers vous ne fût contagieux. Pour ne pas à l'orage exposer votre tête, Je vais par mon exil écarter la tempête ; Et laisser au rival que vous me préférez Les appas dangereux que j'ai trop adorez. Si vous m'aimez encor, j'en attends une preuve : Vous avez assez mis ma confiance à l'épreuve, Madame ; à ma douleur n'offrez aucun secours ; Il suffit de mes maux pour terminer mes jours : Ne pleurez point : mon coeur prêt à quitter vos charmes, Ne peut s'accoutumer à voir couler vos larmes : Je ne partirai point si vous en soupirez ; Promettez-moi...