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M'a reçu comme un fils attendu de son père : J'ai quitté son armée, et ce crime est de ceux Dont en un général l'exemple est dangereux : Cependant sa tendresse excusant mon audace, Il ne m'en a parlé que pour me faire grâce ; Et dans le Capitole il consent que demain Vous me combliez de gloire en me donnant la main. Que vois-je ? Me trompai-je ? Ou, pleurez-vous encore, Ma Princesse ?

Agripine

Seigneur, si je ne vous adore, Si vous n'êtes vous seul l'objet de tout mon soin, Me punissent les Dieux que j'en prends à témoin. Vous avez crû tantôt ma confiance affaiblie : Cet outrage est cruel, mais, Seigneur, je l'oublie ; C'est un crime forcé dont mon coeur vous absout : L'amour qu'on désespère est capable de tout. Ô Ciel ! Qui tant de fois a pris soin de sa gloire, Permets que ce héros m'aime assez pour me croire : Sauve l'appui de Rome ; et mets dans mes discours Un charme assez puissant pour conserver ses jours. Je vous aime, Seigneur, nul Romain ne l'ignore ; Je l'ai dit en tous lieux, et veux le dire encore : César, Drusus, Livie, et Pison savent tous Si j'ai d'ambition que celle d'être à vous. Mon coeur qui de vos voeux s'est attiré l'hommage, Voudrait même pouvoir vous aimer davantage ; Et si quelque douleur rend mes sens agitez, C'est d'avoir moins d'amour que vous n'en mérités. Vous allez en douter : le malheur qui m'accable, M'ôte jusqu'au plaisir de me rendre croyable ; Et d'infidélité vous m'allez soupçonner, Quand je vous aurai dit qu'il faut m'abandonner,