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Un plus méchant que moi n'entreprend rien au moins. Si mon zèle apparent n'eût abusé Tibère, Peut-être pour ce crime eût-il choisi mon frère : J'ai honte de le dire, ennemi des vertus ; Pour complaire à Plancine il hait Germanicus. Appuyé de Tibère il le perdra sans doute, Si de la Germanie il ne reprend la route. Pour le chasser de Rome, employez aujourd'hui Le pouvoir absolu que vous avez sur lui. Depuis l'ordre cruel que César m'a fait prendre J'ai vu Germanicus, mais sans lui rien apprendre : Je me suis contenté de lui faire savoir Qu'avec empressement vous cherchez à le voir. L'Empereur qui lui parle, et qui sait l'art de feindre, Par de fausses bontés veut l'empêcher de craindre ; Et pour mieux déguiser ce qu'il a résolu, Pour demain avec lui votre hymen est conclu. Quelque espoir qui le flatte ordonnez qu'il s'absente : C'est un appas mortel que César lui présente : Cette fatale nuit finirait son destin ; Et Rome sous Tibère a plus d'un assassin. Voila ce qu'en secret je voulais vous apprendre. Germanicus, Madame, en ce lieu se va rendre : C'est à vous, qui l'aimez, à faire un digne effort Pour dérober ce Prince à son malheureux sort. Ce que je vous demande, en faveur de mon zèle, Est de m'aider vous-même à vous être fidèle ; Et de taire un secret qui pourrait me ravir L'honneur que je reçois quand je puis vous servir.

Agripine

Pardonnez, cher Pison, si l'horreur d'un tel crime Vous a pour un moment dérobé mon estime : Dans les premiers transports d'un si juste courroux, J'aurais fait même injure à tout autre que vous.