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Puisqu'il faut pour jamais oublier tant de charmes, Pour m'en faire un devoir je suis preste demain En présence des Dieux de vous donner la main.

Drusus

Ô Ciel !

Agripine

D'aucun soupçon n'ayez l'âme blessée Si je n'ai pas d'abord cette ardeur empressée, Ces désirs violents, et ces transports si doux, Qui deviennent permis en faveur d'un époux. Votre bonté, Seigneur, à qui tout est possible, Avec un peu de temps me rendra plus sensible. Jusques-là, s'il se peut, souffrez que chaque jour Un austère devoir vous tienne lieu d'amour. Je n'abuserai point d'une bonté si rare : Et par la complaisance où mon coeur se prépare, Vous aurez de la peine à vous apercevoir, Si j'agis par amour, ou si c'est par devoir.

Drusus

Non, c'est trop vous gêner : l'Empereur pour vous plaire, Consent que pour un mois notre Hymen se diffère. Je l'ai vu par votre ordre, et sans être en courroux Il m'a promis...

Agripine

Seigneur, je l'ai vu depuis vous. Je viens de le quitter. Et pour ne vous rien taire, L'effort qu'en ma faveur vous avez daigné faire, Ce que sur vos désirs vous avez de pouvoir, Suffit pour m'enseigner à faire mon devoir. Je suis preste à demain pour le grand hyménée Qui doit à votre sort unir ma destinée : Je l'ai dit à César, et viens vous assurer Qu'il n'est plus à mon choix de pouvoir différer : Demain aux yeux de Rome il faut qu'il s'accomplisse.