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Je borne à vous aimer, mon plaisir, ma fortune ; J'en fais mon suprême bon-heur : Que toujours à mes voeux votre bonté réponde, Et je renoncerais à l'Empire du Monde, Pour l'Empire de votre coeur. Laissez-moi vous redire Il en lit encore un autre. Il est vrai, ma Princesse, César me sollicite à reprendre ma foi ; Il veut que j'aime ailleurs ; mais en vain il m'en presse ; L'amour, plus absolu, m'impose une autre loi. Si je m'oublie assez pour vous être infidèle, Puissent les Dieux vzngeurs prendre votre querelle, Et me faire l'objet de leur juste courroux : Il n'est point de tourment qui me semble assez rude Pour punir mon ingratitude, Si je puis soupirer pour une autre que vous. Généreuse Livie, en ce moment funeste Ne me condamnez pas à relire le reste : Ces billets si chéris, tant qu'a duré ma foi, Sont autant de témoins qui parlent contre moi : Plus ils marquent d'amour, plus j'ai l'âme confuse. Je sais que pour mon crime il n'est guère d'excuse ; Et quand il en serait, si j'en osais donner, Vous auriez moins de gloire à me le pardonner. Tandis que votre haine est encor suspendue, Je laisse à vos bontés toute leur étendue ; Et ne veux point, Madame, essayer par mes soins D'être plus innocent, et de vous devoir moins. Je ne suis pas le seul dont on blâme l'audace, Ni le premier coupable à qui l'on a fait grâce :