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Et pour dire encor plus, au nom de ce que j'aime ; Pour ne pas m'exposer à des maux infinis, Oubliez le forfait qui nous a désunis. Je sais qu'en vous quittant je vous fis un outrage Que pardonne avec peine un généreux courage : À vos rares bontés mon coeur accoutumé Goutait tranquillement la douceur d'être aimé : Je vivais dans vos fers, et fus m'offrir à d'autres, Plus pesants mille fois que ne le sont les autres, L'Empereur le voulut, et pouvait tout oser. Je ne le cite point pour me faire excuser. Si j'avais eu pour vous cet amour pur et tendre, Que depuis mes remords vos appas m'ont fait prendre, Les Dieux, joints à César, qui m'a donné le jour, Me l'auraient arraché plutôt que mon amour. Mon retour dans vos fers rend leur gloire plus grande. Pour n'en plus échapper je vous les redemande. Daignez rendre le calme à mes sens agitez : J'ai repris mon amour, reprenez vos bontés : Ne désespérez point un coeur qui vous adore : S'il eut l'heur de vous plaire il vous doit plaire encore : Épris de vos vertus, charmé de vos attraits, Il est plus amoureux qu'il ne le fut jamais. J'en atteste des Dieux la majesté suprême ; J'en atteste...

Livie

Autrefois vous en usiez de même. Vos perfides serments, tant de fois redoublez, Par votre ingratitude ont été violez. Non, non, le repentir où votre âme est forcée, Ne rend pas son éclat à ma gloire offensée : Dans le rang où je suis, et du sang dont je sors, Ce serait me trahir qu'accepter un remords. Épargnez-moi, Seigneur, la honte qu'il imprime ;