Page:Boursault - Germanicus, 1694.djvu/55

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous craignez qu'Agripine adresse ici ses pas : Rassurez-vous, Seigneur, je n'y tarderai pas. Je cherchais à vous perdre, et m'étais applaudie D'avoir tant de témoins de votre perfidie : Ces Billets d'un Ingrat, dont le coeur m'étais cher : D'autant plus criminels qu'ils ont l'art de toucher ; Ces écrits dangereux, dont j'ai fait mes délices, Qui pour charmer mes sens ont été vos complices : Ces imposteurs, enfin, qui m'ont osé trahir ; Si je les faisais voir, vous feraient trop haïr. Je vous les rends. Mon coeur est assez magnanime Pour se faire un plaisir de cacher votre crime : Et sans faire éclater un indigne courroux, Je vous laisse le soin de me venger de vous. Le destin des Ingrats d'ordinaire est funeste. Et si de ma bonté la mémoire vous reste, Et que vous l'opposiez à votre trahison, Il suffira de vous pour m'en faire raison. Tenez, Prince.

Drusus

Madame, au nom de ce que j'aime... En croirez-vous mon coeur, s'il dit que c'est vous-même ?

Livie

Moi ! Seigneur ?

Drusus

Vous pouvez, pour hâter mon trépas, Avoir la cruauté de ne me croire pas. Vous aimer, vous le dire, après mon inconstance, C'est vous faire, sans doute, une nouvelle offense ; Mais dussai-je être en bute à tout votre courroux, Il n'est rien de si vrai que je n'aime que vous. Au nom des Dieux, témoins de cet amour extrême,