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Drusus

Ah ! Pison, Elle vient ; vos conseils ne sont plus de saison. Laissez-nous seuls.



Scène III

Livie, Drusus.
Livie

Seigneur, vous auriez quelque peine À vous imaginer le sujet qui m'amène. Je ne viens point ici par d'indignes soupirs Mendier le retour de vos ardents désirs : Je laisse en leur amour à d'obscures Princesses La honte de descendre à de telles bassesses ; Et le Fils de César serait trop acheté, S'il rentrait dans mes fers par une lâcheté. Soeur de Germanicus , veuve d'un fils d'Auguste, La fierté que je montre est peut-être assez juste. Toute juste qu'elle est, je confesse pourtant, Que pour vous autrefois je n'en avais pas tant : Pour ne pas être ingrate à l'amour le plus tendre Que pour une Princesse un héros puisse prendre, (Car il faut l'avouer, estimé de chacun, Il semblait qu'à l'État vous en promettiez un ;) Je vous aimai, Seigneur. Si j'osais vous le taire Vous pourriez m'accuser de n'être pas sincère ; Et pour vous faire voir à quel point je la suis, Je sens que je vous hais autant que je le puis. Le trouble où je vous vois me découvre sans peine Que ma vue en ce lieu vous alarme et vous gêne.