Page:Boursault - Germanicus, 1694.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée
Pison

J'ai dit qu'il vous eût été doux De n'aimer que lui seul, comme il n'aime que vous : Que son rare mérite est gravé dans votre âme ; Et qu'un Prince absolu vous arrache à sa flamme.

Agripine

Et qu'a-t-il répondu ?

Pison

Ses soupirs à l'instant... Mais, Madame, il viendra si vous m'arrêtez tant. Ne vous exposez point à ce péril extrême : Les moments durent peu quand on voit ce qu'on aime. Si Drusus avec lui vous surprend sans témoins...

Agripine

Ah ! Pison, je m'égare, et l'on s'égare à moins. Allez lui dire... Ô Ciel ! le voici.

Pison

Je vous laisse.

Agripine

Demeurez. Vous, présent, j'aurai moins de faiblesse. Si mon coeur se hasarde à rien faire de bas, Ayez soin de ma gloire, et ne le souffrez pas. Je promets, puisqu'en vain vous m'aimez l'un et l'autre, De traiter son amour comme j'ai fait le vôtre : Et m'aimant, sans espoir, il vous doit être doux Qu'un héros, comme lui, soit traité comme vous.