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Mais, s'il faut tout vous dire, il est si peu constant Qu'à l'Amour aussitôt il en promet autant : Et je crois, contre un coeur qui chancelle, et qui tremble, Que l'amour et l'amant sont trop fort joints ensemble. Par pitié pour ma gloire allez donc l'avertir Qu'à le voir un moment je ne puis consentir. Mais à moins d'être prompt vous perdez votre peine : Il m'a fait prévenir, et je crois qu'on l'amène : Albin, son confident vient de sortir d'ici. Je vous l'apprends.

Pison

Madame, il me l'a dit aussi. C'est un homme discret, mais à quoi qu'il s'engage, Votre gloire est d'un prix qu'il est bon qu'on ménage. Je n'ai pu sans douleur, malgré tous vos dédains, Voir un si grand dépôt en de si faibles mains. Servez-vous de moi seul ; je vous sers avec joie : Et je rends grâce au Ciel qui m'en offre une voie. À fuir Germanicus votre vertu consent ; Vous voulez qu'il l'apprenne, et votre ordre est pressant : J'obéis sans réplique ; et de peur qu'on l'amène...

Agrippine

N'a-t-il point demandé si je le perds sans peine ?

Pison

L'âme toute agitée, et le coeur plein d'ennui, Il s'est enquis à moi, si vous songiez à lui ? Si l'époux qu'on vous donne a pour vous tant de charmes ? Et si vous le perdez sans verser quelques larmes ?

Agripine

Qu'avez-vous dit ?