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Mais ce charmant Séjour, ce Palais somptueux Que les soins de Luculle ont rendu si fameux ; Cette Maison célèbre aux plaisirs destinée, Où se doit achever mon funeste hyménée ; Ces Jardins, admirez de tant de nations, Par l'ordre de César sont remplis d'espions. Et le moyen, Albin, qu'un si grand capitaine, Qui dans tout l'univers se cacherait à peine ; Le moyen qu'un héros dont les premiers exploits Ont rangé le Danube, et le Rhin sous nos lois, Et laissant des Germains les campagnes désertes, Vengé nos légions, et réparé nos pertes, Cherche à me voir, me voie, et ne se montre pas, En des lieux où sa gloire a devancé ses pas ? Dût-il n'être point vu, ma tendresse alarmée Me le peindrait sans cesse avec sa Renommée : Fidèle à sa valeur par tout elle le suit ; Et pour ne la pas craindre elle fait trop de bruit. Va rejoindre ce Prince, et dis lui qu'il m'oublie : Avant que de m'aimer, il aimait Émilie, Elle est jeune, elle est belle, et d'un sang glorieux ; Paul-Émile, et Pompée ont été ses aïeux ; Je le pris dans ses fers ; mon malheur l'y renvoie : Un Amant tel que lui se retrouve avec joie : Il aura peu de peine à rentrer dans son coeur. Ce conseil, cher Albin, m'échappe avec douleur. Jusqu'au jour qui m'arrache à qui j'eusse aimé d'être, Quelques voeux que je pousse ils vont tous à ton maître : C'est vers lui que je penche, et cent fois chaque jour, Ce que j'ôte au devoir, je le donne à l'amour :