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C'est un héros naissant, un coeur noble, élevé ; Mais l'amant que je perds en est un achevé : Rome n'a jamais vu, quoique l'envie en dise, Homme plus glorieux, ni gloire mieux acquise. Et pour son coup d'essai le Danube enchaîné, Fait voir à quels exploits les Dieux l'ont destiné. Je le perds ce héros, et mon âme charmée À l'aimer tendrement s'était accoutumée. Plut au Ciel que César vous laissât à Drusus !

Livie

César me l'offrirait que je n'en voudrais plus, Madame. Je l'aimai cet ingrat qui me quitte ; Et pour fixer ses voeux j'eus trop peu de mérite. Je cherche à le haïr, et me dois cet effort. Car pour Tibère enfin je m'en plaindrais à tort : De sa haine pour moi, j'attendais une preuve. Il sait d'où je descends, et de qui je suis veuve. De mon aïeul Antoine Auguste fut jaloux : Tibère le parut de Caïus mon époux : L'un qui pour Cléopâtre osa trop entreprendre, À l'Empire du Monde avait droit de prétendre : Et si l'autre eût vécu plus longtemps qu'il n'a fait, J'étais Impératrice, et Tibère sujet. Voila par quels motifs il me trouve importune. Je l'ai vu de Caius, adorer la fortune ; S'attacher à sa suite, et souvent prés de lui Redouter ma puissance, ou briguer mon appui. Ce cruel souvenir le chagrine et le gêne : Plus je l'ai vu soumis, plus j'en attends de haine ; Et depuis que le Monde obéit à ses lois Il me rend les mépris qu'il reçut autrefois. Mais pour Drusus...

Agripine

Madame, il va bientôt paraître : En voyant tant d'appas son amour peut renaître : Pour l'ôter de mes fers essayer leur pouvoir.