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fuir, où me cacher ? Ma honte doit-être écrite ſur mon front. Ô mon pere ! ô ma tante ! combien vous allez me mépriſer ; la vie ſera pour moi un ſupplice éternel. Ma bonne ! j’embraſſe vos genoux, délivrez-moi de tous mes maux encore une fois, donnez-moi la mort ; je la demande comme une grâce. Déſhonorée, mépriſée, que puis-je faire au monde ?

La pauvre Honnora ne ſavoit que répondre, la douleur d’Eugenie lui paroiſſoit légitime, & elle la plaignoit de tout ſon cœur. Après avoir-obtenu que du moins elle n’attenteroit pas à ſes jours, elle la laiſſa repoſer.

Auguſtin joignit Honnora lorſqu’elle ſortoit de la chambre d’Eugenie, Eh bien, comment va la belle malade ? — Ô Milord ! l’inſortunée verſe des larmes de ſang. Je ne ſais pas de quelle nature ſont ſes peines ; mais il eſt aiſé de voir qu’elle ſe croit bien malheureuſe. — Bon ! C’eſt un enfant, le temps calmera ſon chagrin. — Ah, Milord ! je le deſire bien ; cette jeune perſonne eſt ſi intéreſſante, ſi douce. — Douce, par ma foi je ne m’en ſerois pas douté ; au reſte, je veux que vous en ayez tous les ſoins