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Milord Croydon étoit décidé à ne jamais ſe marier : ſon oncle lui a fait changer d’avis en votre faveur : il ſera un jour le plus riche Seigneur de l’Angleterre ; il ne faut pour cela que la mort d’un oncle, couſin du Chevalier Norfolk, homme âgé, & jouiſſant d’une immenſe fortune.

Milady avoit ceſſé de parler depuis quelques minutes, & ma réponſe ne venoit pas. — Eh bien ! Miſſ, m’avez-vous entendue ? — Parfaitement, Milady. — Que ſignifie ce ſilence ? — Pardonnez, ma mere, mais je ne ſonge point encore à me marier. J’y ſonge pour vous, & cela eſt dans l’ordre. — Miſſ peut s’en rapporter à ſa reſpectable mere pour le choix d’un époux, dit alors le mauſſade Chevalier : elle ne ſera jamais dans le cas de s’en repentir. — En voilà aſſez, Chevalier, ma fille eſt trop bien élevée pour ne pas ſuivre mes volontés. Eliſe, vous pouvez vous retirer.

Avant cette déclaration des ſentimens du Lord Croydon, j’avois pour lui la plus parfaite indifférence ; mais de ce moment la haine la plus forte s’eſt em-