Page:Bournon - Histoire d Eugenie Bedford - t1.pdf/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

content. La plus légère faveur eſt du plus grand prix aux yeux d’un tendre amant. Eugenie, pour la première fois, s’apperçut de l’inclination de ſon frere ; elle remarqua auſſi que Clarice ne le voyoit pas avec indifférence : elle n’envioit pas le bonheur de ſon amie ; mais elle auroit déſiré que la préſence de James lui en procurât un ſemblable.

Il ſe faiſoit tard ; on ſe ſépara. Avant de ſe quitter, Clarice promit à Eugenie de l’aller voir un matin, afin de pouvoir cauſer plus long-temps, & plus à leur aiſe.

Auguſtin s’étoit retiré dans ſa chambre pour méditer ſur la vengeance qu’il vouloit tirer d’Eugenie. Après avoir ſondé les replis de ſon barbare cœur, il y vit moins d’envie de devenir ſon époux, que le déſir de l’avoir pour maîtreſſe, & de rendre ſon frere éternellement malheureux. Il imagina de changer abſolument de conduite. Pour cet effet, il partit pour aller trouver ſon frere. Le château qu’il habitoit n’étant pas fort éloigné de Londres, il arriva le lendemain. Il ſe montra ſi repentant aux yeux de James, que celui-ci lui promit d’oublier ſes torts,