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dit-il, braconné ſur la terre ; le fait eſt vrai, mais bien excuſable : ſa mere eſt groſſe depuis un mois, elle témoigne le deſir de manger un lievre. — Je mourrai, diſoit-elle à ſon fils, ſi tu ne me ſatisfais pas : le jeune garçon oſa en parler à Mylord, qui le traita avec la derniere dureté ; à cette nouvelle, ſa mere ſe trouva mal. Déſolé du peu de ſuccès de ſa démarche & de l’état de ſa mere, il a eu l’imprudence d’aller chaſſer : Mylord s’en doutoit, il l’a fait guetter, & l’on a pris ce pauvre garçon, lorſqu’il revenoit bien ſatisfait du plaiſir qu’il alloit cauſer à ſa mere. Le lievre qu’on lui trouva dépoſoit aſſez contre lui : ſur le champ, Mylord l’a fait conduire pour quinze jours à la priſon du château. — Et ſa mere, dit Eugenie les larmes aux yeux, n’a donc pas eu le lievre ? — Non, certainement, Miſſ ; & Mylord l’a menacé de la chaſſer, ſi elle continuoit à avoir des deſirs. — Suivez nous, mon ami, dit le jeune Lord au payſan, vous rapporterez à cette femme pluſieurs pièces de gibier. — Oh que nenni, Mylord, je m’en garderai bien ; Mylord Willams croiroit que j’ai chaſſé ſur ſa terre, & je