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moigner. La demande de ſon frere l’enhardit : — je vois venir un homme de qui papa pourroit l’apprendre ; c’étoit un payſan qui paſſoit. Mylord lui en fit la queſtion. — Ô Mylord ! que vous êtes heureux de ne pas connoître le monſtre qui habite ce château, c’eſt le plus barbare & le plus inhumain des hommes. À ce début, la famille ſe regarda, & parut ſouhaiter que le payſan s’expliquât mieux. — Ou votre Seigneur eſt en effet bien méchant, ou vous êtes, mon ami, un grand miſérable d’en parler auſſi mal ? — Hélas ! je ne ſuis point un calomniateur, & ce que je viens de dire, vous ſera confirmé par tous les habitans de cette contrée ; il n’en eſt pas un qui ne maudiſſe ſon exiſtence ; chaque jour voit naître de nouvelles injuſtices de la part de Mylord Williams ; il eſt riche, nous ſommes pauvres ; il peut tout, nous ne pouvons rien ; & avec les moyens de faire tant de bien, il ne s’occupe qu’à faire du mal ; il eſt craint de ſes enſans, abhorré de ſes domeſtiques, & maudit par ſes vaſſaux : hier encore, il a fait arrêter un malheureux jeune homme, le fils de ſon jardinier, pour avoir