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Tree accoucha d’une Fille ; mon cœur étoit trop rempli d’un autre objet pour s’occuper de ce qui n’y avoit pas rapport. Je négligeai totalement ma Femme ; elle ne s’en plaignit pas (ſa douceur étouffoit tout ce qui avoit l’air d’un reproche) ; mais il étoit aiſé de voir que ma froideur la chagrinoit beaucoup. Aſtrea, comme toutes les Filles de ſon état, n’en vouloit qu’à ma bourſe. Son libertinage effréné étoit ſi public, que tous les jours on offroit de me donner la preuve qu’elle me trompoit, mais il falloit pour me deſſiller les yeux, que je fuſſe moi-même témoin de ſon infidélité ; c’eſt ce qui m’arriva. Je voulus lui reprocher ſa perfidie : ſon effronterie me confondit. — Quel droit, me dit-elle, avez-vous ſur ma conduite ? je ne connois point de Maître chez moi ; ſortez dans l’inſtant & ne paroiſſez jamais devant mes yeux. Foible à l’excès, ou pour mieux dire, abruti par ma paſſion, je tombai aux pieds d’Aſtrea ; je lui demandai pardon de mon emportement, je convins que j’avois tort de blâmer ſes actions ; ma grâce me fut enfin accordée, mais à condition que je n’oſerois de la vie lui faire des leçons : je m’en retournai content. Combien j’étois mépriſable ! ma