LXIme LETTRE.
SIR Charles Clarck,
à SIR William Fisher ;
à Londres.
EH bien ! tu as raiſon, mon Ami, la
belle Suzanna a ſu réveiller dans mon cœur
des ſentimens que je ne croyois reſſentir que
pour Émilie. Oui, j’aime la Fille du Seigneur
Barrito. Qui n’excuſeroit un amour qui a
pris naiſſance à l’aſpect de tant de vertu ?
Le Chevalier Barrito eſt enchanté de l’attachement
que j’ai pour ſa Sœur ; il en a parlé
à ſon Père, qui veut bien me l’accorder pour
Femme ; je n’attends pour conclure mon mariage,
que la réponſe de Lady Harris.
Voilà, diras-tu, bien de la précipitation. Peut-on, mon cher William, trop ſe preſſer, quand il s’agit de ſon bonheur ? Si je te laiſſois lire dans mon cœur, tu y diſtinguerois encore le nom d’Émilie, je n’ai pu parvenir à l’effacer entièrement ; le temps me rendra peut-être ce ſervice.
Je compte paſſer une année avec les Parens de Suzanna. J’irai enſuite en France