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malheureux allaient périr dans des douleurs atroces nous força de nous arrêter et de leur porter des secours. Nous y fûmes de suite, ne laissant que trois hommes pour garder nos voitures. Nous transportâmes les pauvres blessés sous une remise séparée du corps des bâtiments. C’est tout ce que nous pûmes faire. Après avoir rempli cet acte d’humanité, nous partîmes au plus vite afin d’éviter que notre marche ne soit interceptée par l’incendie, car on voyait le feu à plusieurs endroits, et dans la direction que nous devions parcourir.

Mais à peine avions-nous fait vingt-cinq pas, que les malheureux blessés que nous venions de transporter, jetèrent des cris effrayants. Nous nous arrêtâmes encore, afin, de voir de quoi il était question. Le caporal y fut avec quatre hommes. C’était le feu qui avait pris à la paille qui était en quantité dans la cour, et qui gagnait l’endroit où étaient ces malheureux. Il fit, avec ses hommes, tout ce qu’il était possible de faire, afin de les préserver d’être brûlés. Ensuite ils vinrent nous rejoindre, mais il est probable qu’ils auront péri.

Nous continuâmes notre route, et, dans la crainte d’être surpris par le feu, nous faisions trotter notre premier attelage à coups de plats de sabre. Cependant nous ne pûmes l’éviter, car lorsque nous fûmes dans le quartier de la place du Gouvernement, nous nous aperçûmes que la grand’rue, où beaucoup d’officiers supérieurs et des employés de l’armée s’étaient logés, était tout en flammes. C’était pour la troisième fois que l’on y mettait le feu. Mais aussi ce fut la dernière.

Lorsque nous fûmes à l’entrée, nous remarquâmes que le feu n’était mis que par intervalles et que l’on pouvait, en courant, franchir les espaces ou il faisait ses ravages. Les premières maisons de la rue ne brûlaient pas. Arrives à celles qui étaient en feu, nous nous arrêtâmes, afin de voir si l’on pouvait, sans s’exposer, les franchir. Déjà plusieurs étaient croulées ; celles sous lesquelles ou devant lesquelles nous devions passer, menaçaient aussi de s’abîmer sur nous et de nous engloutir dans les flammes. Cependant, nous ne pûmes rester longtemps dans cette position, car nous venions de nous apercevoir que la partie des maisons que