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de près, Pavart, qui était alors caporal, commandait une patrouille de six hommes. En cheminant, il aperçoit, sur sa droite, une autre patrouille composée de cinq hommes. Pensant, et presque certain que c’étaient des nôtres, il dit aux hommes qu’il commandait : « Halte ! attendez-moi. Je vais parler à celui qui la commande afin de marcher dans la même direction, pour ne pas tomber dans les avant-postes des Russes. » aussitôt, les hommes s’arrêtent et lui s’avance vers cette patrouille qui, en voyant un homme seul venir à elle, croit probablement que c’est un des leurs. Mais Pavart reconnaît que ce sont des Russes. Il était trop tard pour rétrograder, il s’avance résolument et, sans donner le temps aux Russes de se reconnaître, il tombe dessus et, à coups de baïonnette, il en met trois hors de combat. Les autres se sauvent. Après ce coup hardi, il retourne pour rejoindre ses hommes, mais ils étaient près de lui ; ils accouraient pour le secourir.

Wilkes, sous-officier dans un régiment de ligne, habitant de Valenciennes, prisonnier sur les bords de la Bérézina, conduit en captivité à quatorze cents lieues de Paris, où il resta pendant trois ans.

Le capitaine Vachin, dont j’ai parle plus haut, avant de partir pour la Russie, lorsque nous étions en Espagne, eut, avec mon sergent-major, une discussion très vive, qui finit par un duel et un coup de sabre qui partagea la figure de mon sergent-major en deux, car cela lui prenait depuis le haut du front jusqu’au bas du menton. Il en fit autant à l’occasion, aux Autrichiens, Prussiens, Russes, Espagnols, Anglais contre lesquels il combattit pendant dix ans sans interruption, car pendant ce laps de temps il assista à plus de vingt grandes batailles commandées par l’empereur Napoléon.

À la bataille d’Essling, le 22 mai 1809, Vachin portait pendue à son côté une gourde remplie de vin. Un de ses amis, sous-officier comme lui, lui fait signe qu’il voudrait bien boire un coup de son vin. Vachin lui crie d’avancer, et lorsqu’il fut près de lui, il lui présenta à boire en se baissant de côté. Cela se passait au fort de l’action où les boulets et la mitraille nous arrivaient de toutes parts. Mais à peine le buveur avait-il avalé quelques gorgées, qu’un