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pagnes d’Italie. Il fit, dans cette même arme et avec le même cheval, les campagnes de 1806, 1807, en Prusse et en Pologne ; 1808, en Espagne ; 1809, en Allemagne ; 1810 et 1811, en Espagne ; 1812, en Russie ; 1813, en Saxe, et 1814, en France. Après le départ de l’Empereur pour l’île d’Elbe, il resta, pour attendre sa retraite, dans la Garde royale, toujours avec son cheval qu’il n’a jamais voulu abandonner. À la rentrée de l’Empereur de l’île d’Elbe, il reparut encore dans le même corps, comme garde impérial, à Waterloo. Il fut blessé, et son cheval fut tué. C’était toujours le même avec lequel il avait fait tant de campagnes et avec qui il avait assisté à plus de quinze grandes batailles commandées par l’Empereur. Si l’Empereur fût resté, ce brave militaire eût été dignement récompensé. Quoique chevalier de la Légion d’honneur, il est aujourd’hui dans la misère. Dans la retraite de Russie, quelquefois, seul au milieu de la nuit, il s’introduisait dans le camp ennemi pour y prendre du foin ou de la paille pour Cadet : c’était le nom de son cheval. Il ne revenait jamais sans avoir tué un ou deux Russes, ou pris ce qu’il appelait un témoin, c’est-à-dire fait un prisonnier.

Monfort, grenadier vélite à cheval, actuellement officier de cuirassiers en retraite à Valenciennes. Quoiqu’étant du même pays et aussi de la Garde impériale, je ne le connaissais, à l’armée, que de réputation, par la manière dont il se distingua dans différents combats que nous eûmes en Espagne ; en Russie, il traversa la Bérézina, à cheval, au milieu des glaçons. Mais son cheval y resta. À Waterloo, sur le mont Saint-Jean, dans une charge que son régiment fit contre les dragons de la reine d’Angleterre, il tua le colonel d’un coup de sabre dans la poitrine qui l’envoya souper chez Pluton.

Pavart, capitaine en retraite à Valenciennes, était, pendant la campagne de Russie, aux chasseurs à pied de la Garde impériale. Tout ce qu’il conte de cette campagne, de ce qui lui est arrivé, et de ce qu’il a vu, est très intéressant. Dans la retraite, à Krasnoé, où nous nous sommes battus pendant les journées des 15, 16 et 17 novembre, contre l’armée russe forte de cent mille hommes, la nuit du 16, la veille de la bataille du 17, lorsque les Russes nous serraient