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vint aussitôt : c’est alors que je remarquai que mon hôtesse était une belle et jolie femme, mais, pour le moment, mes observations n’allèrent pas plus loin car, dans la position où je me trouvais, j’avais trop à m’occuper de ma personne. Elle me demanda ce que je voulais. Je lui dis que, désirant prendre un bain, je voudrais qu’elle eût la bonté de m’indiquer où je pourrais me le procurer. Elle me répondit qu’il y en avait, mais que c’était trop loin ; que, si je voulais, on pourrait m’en préparer un chez elle : elle avait de l’eau chaude et une grande cuve ; que, si je voulais me contenter de cela, on allait me la préparer. Comme on peut bien le penser, j’acceptai avec le plus grand plaisir, et un instant après, la domestique me fit signe de la suivre. Alors, prenant mon sac et mon pantalon amarante, j’entrai dans une espèce de buanderie où je trouvai tout ce qui était nécessaire, même du savon, pour me nettoyer.

Je ne pourrais exprimer le bien que je ressentis pendant le temps que je restai dans le bain ; j’y restai même trop longtemps, car la domestique vint voir s’il ne m’était rien arrivé de fâcheux. Elle s’était aperçue, en entrant, que j’étais fort embarrassé pour me nettoyer le dos. Aussitôt, sans me demander la permission, elle va chercher un grand morceau de flanelle rouge et, s’approchant de la cuve, elle me pose la main gauche sur le cou et, de l’autre, elle me frotte le dos, les bras, la poitrine. Comme on peut bien le penser, je me laissais faire. Elle me demandait si cela me faisait du bien ; je lui répondais que oui. Alors elle redoublait de zèle jusqu’à me fatiguer. Enfin, après m’avoir bien étrillé, nettoyé, essuyé, elle sortit en riant comme une grosse bête, sans me donner le temps de la remercier.

Je passai une des belles chemises du commissaire des guerres ; ensuite j’enfourchai le large pantalon à la Cosaque et, pieds nus, je regagnai la chambre où était mon lit, sur lequel je me laissai tomber. Il était temps, car il me prit une faiblesse et je perdis connaissance. Je ne sais combien de temps je restai dans cette situation, mais, lorsque je pus y voir, je remarquai, à mes côtés, la dame de la maison, la domestique et deux soldats du régiment qui étaient logés dans la maison et que l’on avait été chercher, pensant que j’avais quelque chose de grave, mais il n’en était rien. Cette