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AVANT-PROPOS.

Il mourut, octogénaire, le 15 avril 1867, deux années après le légendaire Coignet, qui alla jusqu’à quatre-vingt-dix ans. On voit que leur rude existence n’avait pas suffi pour hâter leur fin. Il est vrai qu’il fallait être exceptionnellement solide pour avoir survécu.

Malheureusement, des souffrances physiques empoisonnèrent ses derniers jours. Elles ne lui enlevèrent, toutefois, ni la belle humeur, ni la philosophie qui formait le fond de son caractère. Une de ses nièces, Mme Bussière, veuve d’un chef d’escadrons d’artillerie, était d’ailleurs venue, après la mort de sa seconde femme, victime du choléra qui sévit à Valenciennes en 1866, adoucir, par des soins dévoués, l’amertume de ses maux.

Le portrait de notre héros, qui a pris place en tête du volume, est la reproduction d’une lithographie représentant Bourgogne à l’âge de quarante-cinq ans, avec l’air officiellement sévère et le regard un peu dur de l’adjudant de place, personnification vivante de la consigne. Mais ce que nous savons de sa bonté naturelle montre que c’est ici le cas d’appliquer le précepte du poète :

Garde-toi, tant que tu vivras,
De juger les gens sur la mine !

Ajoutons qu’au temps de sa jeunesse il passait, non sans raison, pour un beau soldat : sa haute stature, son air martial imposaient[1].

Selon notre coutume, nous n’avons fait d’autres modifications au texte que la rectification de l’orthographe et la suppression des phrases inutiles. Moins scrupuleux s’est montre un journal disparu (l’Écho de la Frontière) qui a donné, en 1857, une partie des Mémoires de Bourgogne, en les corrigeant si bien qu’il les a dépouillés de leur couleur originale.

La collection de l’Écho de la Frontière est des plus rares : le seul exemplaire que nous en connaissions se trouve à la bibliothèque de Valenciennes. Son feuilleton de Bourgogne fut tiré à part ; nous n’avons pu en retrouver que de rares exemplaires. Ce tirage à part ne contient même qu’une partie du texte publié par le journal, et ne dépasse point la page 176 du présent volume.

  1. Voici, d’après une note de ses Mémoires, la liste des grandes batailles auxquelles Bourgogne prit part : Iéna, Pultusk, Eylau, Eilsberg, Friedland, Essling, Wagram, Somo-Sierra, Bénévent, Smolensk, la Moskowa, Krasnoé, la Bérézina, Lutzen et Bautzen : « Ajouté à cela, dit-il, plus de vingt combats et autres divertissements semblables. »