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SOUS LA TERREUR

Fouquier-Tinville. Il était de bonne foi dans sa criminelle aberration. Il croyait vraiment régénérer la France en la purifiant de ce qu’il considérait comme l’élément empoisonné de la vie nationale. Faire guillotiner un aristocrate, c’était pour lui une opération légitime, pareille à celles qu’il avait si souvent exécutées dans sa profession première : l’amputation d’un membre gangrené. C’était sa mission en ce monde, sa pensée fixe que cette monstrueuse mutilation du pays, où il voyait un redressement. Il m’accueillit, en effet, du ton de quelqu’un qui n’a pas assez de temps pour une tâche de conscience.

— Je suis occupé, citoyen, me dit-