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UNE NUIT DE NOËL

raison des brigands au pouvoir — une poignée — et combien lâches, on l’a trop vu quand ils se sont trouvés devant Bonaparte ! Mais en 93, les braves gens ne savaient que mourir et pardonner. La mère Poirier devait m’en donner aussitôt une preuve saisissante :

— Qui était le maître de votre sœur ? lui demandai-je, comme la carriole s’ébranlait.

Je n’avais pas protesté contre le mot de ci-devant. Ce silence était le plus dangereux des aveux. De quoi m’eût-il servi de discuter avec la maraîchère ? J’étais tellement à sa merci !

— C’était M. François, le curé de Morteau, répondit-elle.