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UNE NUIT DE NOËL

cher dont j’étais presque sûr, j’allais arrêter, comme un voleur de grand chemin, à la nuit tombante, l’équipage d’un voyageur inconnu avec lequel je devrais sans doute me battre ! L’incohérence de mes résolutions dans des circonstances si graves eût mérité un châtiment. Il me fut épargné. Ce voyageur se trouvait être une femme d’un certain âge qui conduisait à la ville, au trot d’un mauvais bidet, non sans redouter elle-même une mauvaise rencontre, une carriole chargée de légumes. Cinq minutes de conversation suffirent pour qu’elle devinât la vérité :

— Montez, madame, dit-elle à Henriette après les premiers pour-