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UNE NUIT DE NOËL

elle n’avait même plus la force de parler : — tu vois bien que c’est impossible. Embrasse-moi, mon ami, et dis-moi adieu… Oui, à Dieu, répéta-t-elle en séparant les deux mots, laisse-moi à Lui, qui me sauvera s’il veut me sauver. Et s’il ne le veut pas, Il sait pourquoi et je ferai mon sacrifice… Mais toi, va-t’en, va-t’en, mon amour ! Qu’ils ne te prennent pas ! Qu’ils ne te lient pas tes chères mains ! Qu’ils ne te…

Le geste passionné par lequel elle serra ma tête contre son cœur — je m’étais mis à genoux devant elle pour essayer de l’apaiser — avait une horrible éloquence. Elle voyait la guillotine et le couperet.