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même temps que si elle obéissait au désir d’Ely, ces chères prunelles tristes s’éclaireraient d’un peu de joie, et, pour toute réponse à la question que l’autre lui posait, elle se leva en disant :

— « Comment je ferai ? Mais c’est bien simple. Dans une demi-heure, je te rapporterai ce que tu veux savoir… As-tu la liste des étrangers ici ? »

— « Elle doit être à la quatrième page d’un de ces journaux, » fit Ely. « Pourquoi veux-tu la voir ? »

— « Pour y chercher le nom d’une personne que je connaisse et qui habite à l’hôtel des Palmes… Bon ! j’ai trouvé… Mme Nieul… Attends-moi sans trop d impatience. »

— « Eh bien ! » disait-elle en rentrant dans le salon une demi-heure plus tard, comme elle l’avait annoncé, « ils sont ici tous les deux, et ils ne partiront pas de quelques jours. Mme Du Prat est malade… Ça m’a coûté un peu, » ajouta-t-elle avec un sourire encore ému. « Je suis arrivée là-bas. J’ai demandé si Mme Nieul était là, et je lui ai mis une carte. Puis, j’ai regardé le tableau des voyageurs et j’ai interrogé le secrétaire d’un air indifférent. Je lui ai dit : « Je croyais M. et Mme Du Prat déjà partis ? … Est-ce qu’ils sont ici pour longtemps encore ? » Avec cette petite phrase j’ai tout su… »

— « Et tu as fait cela pour moi ! » lui répondit Ely en lui prenant la main et la lui caressant : « Comme je t’aime ! … Regarde. Je me sens revivre…