autrefois. D’ailleurs, dès son entrée dans le salon, il avait été frappé du caractère changé de sa beauté. C’était bien toujours le même visage aux grandes et nobles lignes, ces traits si fiers tout ensemble et si délicats, et, pour les éclairer, ces yeux profonds, avec leur charme de langueur touchante. Ce n’était plus cette expression, inassouvie et curieuse, inquiète et mobile, de jadis. Mais cette sensation demeura indistincte et n’attendrit pas l’ancien amant. Le travail de l’idée fixe avait été trop intense en lui pendant ces huit jours, et dans sa réponse frémissait une colère à peine contenue :
— « Je tâcherai, madame, de vous obéir. Cependant, pour que l’entretien que je me suis permis de vous demander ait un sens, je devrai prononcer des mots que vous préféreriez sans doute ne pas entendre… »
— « Prononcez-les, » interrompit-elle. « J’ai voulu seulement vous demander de n’y rien ajouter d’inutile. »
— « Ce sera court, » dit Olivier. Puis, après un silence, et d’un accent plus âpre encore : « Vous rappelez-vous, madame, un soir, à Rome, il y a deux ans, au palais Savorelli, — vous voyez, je précise, — vous être fait présenter un jeune homme qui ne songeait pas à vous, et avoir été, avec lui… comment m’exprimer sans vous froisser ? … »
— « Dites que j’ai été coquette, » interrompit-elle, « et que j’ai voulu m’en faire aimer. C’est vrai. »