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— « Il se passe que je suis perdue, » dit Yvonne, « si je n’ai pas quelqu’un pour m’aider, pour me sauver… Ah ! » continua-t-elle, en appuyant ses mains sur son front comme pour enchasser un cauchemar, « quand je pense à tout ce que je traverse depuis hier, je crois que j’ai rêvé… Il se passe que nous sommes ruinés, d’abord, absolument, irréparablement ruinés. Je ne le sais que depuis vingt-quatre heures… Ce gentil, cet excellent Gontran a tout fait pour me le cacher jusqu’au bout… Et moi qui lui reprochais de jouer à Monte-Carlo ! Pauvre cher garçon ! Il espérait qu’un coup de hasard lui donnerait cent, deux cent mille francs, une première mise de fonds, de quoi recommencer notre fortune… Car il travaillera. Il est décidé à faire n’importe quoi. Si vous saviez comme il est bon et brave ! Cest pour moi qu’il souffre. C’est pour moi, pour m’avoir un peu plus de luxe, qu’il a essayé des placements trop hardis. Il ne soupçonne pas combien tout cela m’est indifférent… Moi ! mais je le lui ai dit, je vivrais avec rien : une petite couturière que je dirigerais et qui me ferait des robes à mon idée ; une petite installation à Passy dans une de ces maisons Anglaises si mignonnes et si bon marché ; une voiture de la Compagnie ou un coupé du cercle pour mes visites et le théâtre, et je serais la plus heureuse des femmes. J’irais aux Halles le matin, et je suis sûre que j’aurais pour rien une meilleure table qu’aujourd’hui. Et je me plairais à cette vie, je le sais. Au fond, je n’étais pas née pour ê