édifice d’illusions volontaires et involontaires. À la station du Golfe-Jouan, comme Hautefeuille se penchait un peu à la fenêtre, une voix le héla. Olivier reconnut l’indestructible accent de Corancez. La portière s’ouvrit et donna passage à une femme d’abord, qui n’était autre que l’ex-madame Bonaccorsi, escortée du Méridional lui-même. En voyant que Pierre n’était pas seul, Andriana ne put s’empêcher de rougir jusqu’à la racine de ses admirables cheveux blonds, tandis que, toujours égal à toutes les circonstances, triomphant, rayonnant, superbe, Corancez vaquait aux présentations. Le séducteur conjugal avait pensé aux moindres détails, et, avant de partir pour Gênes, il avait installé, dans une des villas du Golfe-Jouan, un asile de rendez-vous qui devait servir aux secrets bonheurs de son originale lune de miel. Andriana avait trouvé le moyen de tromper la surveillance de son frère et d’aller retrouver son époux clandestin dès le premier jour. La volupté commençait de lui donner cette audace sur laquelle le rusé compère avait spéculé pour le succès final, mais il n’avait pas encore dressé la brave créature à bien mentir. À peine assise dans le wagon, elle dit à Olivier et à sa femme, qui ne la questionnaient pas :
« J’avais manqué le train précédent, M. de Corancez aussi : nous avons eu l’idée de venir à pied jusqu’ici pour prendre le train suivant, au lieu de nous morfondre dans la gare de Cannes… »
Tandis qu’elle parlait, Olivier regarda ses