dedans… » Et avec un sourire, redevenu ouvert et tendre : « Parlons de toi maintenant… Que fais-tu ici ? Comment vas-tu ? Le Midi t’a guéri, je le vois à ta mine ; mais sur cette côte, quand le soleil vous a fait du bien, l’ennui vous fait tant de mal que cela se compense… »
— « Je t’assure que je ne m’ennuie pas, mais pas du tout ! » répondit Pierre. Il comprenait qu’Olivier ne pouvait point, ne devait point en dire plus long sur l’intimité de son ménage, et lui-même, le cœur déchiré par la confidence qu’il venait de recevoir, son rôle d’ami consolateur était d’attendre, pour toucher à ces plaies soudain étalées devant lui, qu’elles fussent moins saignantes, moins exaspérées. Que faire, sinon se prêter à cette fantaisie de curiosité amicale ? D’ailleurs, il fallait bien que Du Prat fût préparé, s’il restait quelques jours, à le voir aller et venir, faire des visites, et il continuait : — « Comment je vis ? Je ne sais pas trop… Je me laisse vivre. Je sors un peu plus que d’habitude. Tu n’as pas bien goûté le charme de Cannes. Tu y es resté trop peu de temps. C’est la ville des petites coteries. Il faut être d’une ou deux pour sentir la douceur de cet endroit. J’ai eu la chance de tomber dans la plus agréable de toutes… Le tennis, le golf, les thés de cinq heures, les dîners ici et là : on est au printemps avant de se douter que les mois d’hiver sont finis… Et puis, il y a le yachting : tel que tu me vois, quand j’ai reçu ta dépêche du Caire, j’étais à Gênes, en croisière sur le bateau d’un Américain. C’est un monsieur