soupçonnaient même pas ce que c’est que l’art Grec. Ils en étaient juste au même point que les ignorants qui ont ramassé les médiocrités de la Tribune ou du Vatican… »
— « Comment ? » interrompit Mme de Carlsberg, « mais à la Tribune il y a la Vénus de Médicis, et au Vatican l’Apollon et l’Ariane… »
— « La Vénus de Médicis, » s’écria Fregoso avec colère. « Ne me parlez pas de la Vénus de Médicis ! … Tenez, » et il montra de ses vieux doigts goutteux une des statues : « la reconnaissez-vous, votre Vénus ? C’est le même corps frêle et maniéré, le même geste des bras, le même petit Amour à ses pieds qui chevauche un dauphin joueur, et c’est, comme l’autre, une basse copie, faite au goût de l’époque Romaine, du chef-d’œuvre de Praxitèle… Est-ce que vous voudriez, chez vous, d’une de ces reproductions de la Nuit qui peuplent les boutiques des marbriers Toscans ? … Des copies, je vous le répète, des copies, encore des copies, — et faites par quels manœuvres ! — voilà ce que vous admirez, à Florence, à Rome, à Naples… Tous ces empereurs et ces patriciens Romains, qui peuplaient leurs villas avec des reproductions des chefs-d’œuvre Grecs, étaient des barbares, et ils vous ont légué l’ombre d’une ombre, une parodie de ce que fut la Grèce, la vraie, celle que Pausanias a pu visiter… Cette Vénus, mais c’est une jolie baigneuse, qui se sauve pour mieux se faire désirer. Elle est coquette. Elle est lascive… Qu’a-t-elle de commun avec l’Anadyomène,