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construite. Mais une mosaïque de marbres précieux formait le pavé, et toute la voûte était décorée de stucs coloriés et de fresques qui représentaient l’arrivée de Ganymède au festin des dieux. C’était une peinture légère et heureuse, d’un éclat jeune encore, avec de beaux longs corps élégants, des. caprices exquis de paysage et d’architecture, enfin toute la grâce païenne et délicate des élèves immédiats de Raphaël. Au-dessous étaient appendus quelques portraits. La touche aristocratique de Van Dyck s’y reconnaissait au premier regard. Devant les grandes toiles, sur le parquet, des statues antiques étaient rangées. Des tabourets, jadis dorés, en forme d’X et sans dossiers, achevaient de donner à ce salon une physionomie de musée, qui arracha aux trois femmes cette exclamation :

— « Mais comme c’est beau ! Que de merveilles ! … »

— « Regarde le prince, comme il est dégoûté de leur enthousiasme, » dit tout bas Corancez à Pierre. « Tu es aux premières loges pour une comédie que je te recommande. Moi, je te quitte pour aller faire ma cour… Regarde et écoute… Ça vaut la peine… »

— « Vous trouvez cela beau, mesdames ? » disait le prince à la baronne Ely et à miss Marsh, debout à côté de lui, tandis que Mm* Bonaccorsi et Corancez causaient dans un coin. « Oui, le plafond n’est pas mal… dans son genre. C’est Jean d’Udine qui l’a peint. Le Fregoso de ce temps-là, le cardinal