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carnaval, j’arrête les frais. Rien ne va plus. Adieu, chère, chère Ely… »

— « Et nous aussi, nous vous laissons, » dit Mme Bonaccorsi ; — elle était allée prendre le bras de miss Marsh pendant qu’Yvonne de Chésy sortait ; — « je vais essayer de consoler un peu cette grande fille-là… »

— « Mais je suis toute consolée, » répondit Florence. Et avec un accent singulièrement ferme, elle ajouta : « On arrive toujours à tout ce qu’on veut quand on le veut bien… Nous rentrons à pied, n’est-ce pas ? … » demanda-t-elle à la marquise.

— « Alors, vous allez passer par le jardin, et je vous accompagnerai pour prendre un peu d’air, » fit Mme Brion, qui embrassa Ely à son tour, en lui disant tout haut : « Chérie, je te rejoins dans un quart d’heure. » Et elle ajouta tout bas : « Aie du courage. »

La porte de la serre, par où l’on accédait au jardin, venait de se refermer. Ely de Carlsberg et Pierre Hautefeuille étaient seuls. Tous deux, ils avaient médité longuement sur les paroles qu’ils prononceraient dans ce tête-à-tête. Tous deux ils arrivaient à ce rendez-vous avec une volonté très fixe, la même, puisque Ely avait décidé de demander à Pierre précisément ce départ qu’il avait décidé de lui offrir. Mais tous deux aussi venaient d’être bouleversés par la scène inattendue à laquelle ils avaient assisté. La jeune femme surtout