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— « Puis-je avoir cinq minutes d’entretien avec vous, madame ? » demanda brusquement le prince à sa femme. Et, l’entraînant à part, sans plus se soucier des témoins de cette scène conjugale : « Vous avez invité miss Marsh à déjeuner, demain matin ? … » continua-t-il.

— « Parfaitement, » répondit-elle, « Cela contrarie Votre Altesse ? »

— « Vous êtes chez vous, » reprit l’archiduc, « mais vous ne vous étonnerez point si je défends à Verdier de se trouver là… Ne m’interrompez pas… Il y a longtemps que je l’observe, vous favorisez les projets de cette fille qui s’est mis en tête d’épouser ce garçon. Je ne veux pas que ce mariage ait lieu. Et il n’aura pas lieu, »

— « J’ignore les intentions de miss Marsh, » répliqua la baronne, dont les joues pâles s’étaientempourprées d’un flot de sang à écouter le discours de son mari. « Je l’invite parce qu’elle est mon amie et que j’ai du plaisir à la voir. Quant à M. Verdier, il est d’âge à savoir s’il lui convient ou non de se marier, sans prendre l’ordre de personne. D’ailleurs, s’il veut causer avec miss Marsh, il n’a nul besoin de mon intermédiaire, et, s’il lui a plu de dîner avec elle ce soir… »

— « Il a dîné avec elle ce soir ? » interrompit le prince, avec une violence maintenant exaspérée. « Vous le savez ? Répondez. Soyez franche. »

— « Votre Altesse Impériale peut charger d’autres personnes de ses espionnages… » fit la jeune femme fièrement. Et elle lança vers M. de