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et j’aime cela de cette côte. On y voit à plein la sottise et l’infamie des ploutocrates… Leurs femmes ? Elles s’y amusent comme des drôlesses, eux, comme des drôles… Ces impôts, ces lois, ces magistrats, ces armées, ce clergé, tout cet appareil social, qui travaille au profit des riches, aboutit, à quoi ? À protéger une crapule dorée dont nous avons une carte d’échantillons complète sur ce beau rivage… J’admire la naïveté des socialistes qui, devant des aristocraties de cette espèce, parlent de réformes ! … Un membre gangrené, ça se brûle et ça se coupe, simplement, brutalement. Mais les révolutionnaires modernes ont un grand défaut : le respect. Par bonheur, la faiblesse et la sottise des classes dirigeantes s’étalent avec une si magnifique ingénuité que le peuple finit par s’en apercevoir, et, quand les millions d’ouvriers qui nourrissent cette poignée de parasites feront un geste, — le geste, — ah ! nous rirons, nous rirons ! … Déjà le libéralisme, le parlementarisme, le modérantisme, toutes ces sottises en isme, ne sont plus possibles. Il n’y aura plus de place, dans toute l’Europe, d’ici à dix ans, que pour une réaction à la Philippe II ou pour la Commune… Je n’ai pas besoin de vous dire que je suis pour la Commune. D’ailleurs, avec la science, le branle-bas devient si facile ! … Prenez tous les enfants des prolétaires, faites-en des électriciens et des chimistes, et dans une génération, ça y est… »

Quand il proférait des déclarations de cet ordre, le prince regardait autour de lui avec une