trop peu ces gens-là pour accepter une invitation de cette espèce… »
— « Je m’en rapporte à Flossie Marsh pour avoir raison de tes scrupules, » répondit Corancez, qui ne put réprimer un sourire. « Tu seras un des passagers de la Jenny ! Et sais-tu comment ce bateau s’appelle la Jenny ? Il n’y a que les Anglo-Saxons pour se permettre sérieusement un pareil jeu de mots. Tu n’ignorés pas que the sea, la mer, se prononce comme si, la note de musique, et tu as bien entendu parler de Jenny Lind, la cantatrice ? … Eh bien ! voilà pourquoi le facétieux Marsh a baptisé sa villa flottante de ce joli prénom : because she keeps the high seas, parce qu’elle tient les hautes mers — ou les si d’en haut ! … Et chaque fois qu’il raconte cette histoire, il est si étonné de son esprit qu’il en a le fou rire… Quel délicieux joujou, d’ailleurs ! … »
La Jenny profilait les lignes élégantes de sa coque blanche et de ses agrès, à quelques pas maintenant des deux compagnons. Elle semblait vraiment la jeune et coquette reine de ce petit port, où les barques de pêche, les yoles de course et les bateaux de cabotage se pressaient le long du quai. Des marins assis à même les dalles, au soleil, raccommodaient en chantant les mailles brunes d’un filet. Au rez-de-chaussée des maisons, s’ouvraient des échoppes où se vendaient les mille outils de la mer : des cordages et des vestes goudronnées, des chapeaux de cuir bouilli et des