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ce patito fût un amant, il suffisait, quand il avait trente-cinq ans,- c’est l’âge où commencèrent ses assiduités auprès de Mme Nortier,- de le regarder pour en être sûr, avec sa lèvre gourmande, la sensualité puissante de son visage aux beaux traits, à la fois grands et fins, — et, bien qu’il y ait, pour les maris, des grâces d’état, comment admettre qu’un routier de toutes les coulisses, tel que Firmin, ait pu constater les indices d’une pareille intimité entre sa femme et un seigneur tourné de la sorte, sans essayer de savoir ce qu’il y avait par derrière et sans le découvrir ? Pensez que brusquement, du jour où il a été présenté à Mme Nortier, aucune femme n’a plus jamais existé pour San Giobbe. Il a eu encore ce trait, des Sigisbées de son pays, d’être fidèle à sa maîtresse, et il a disparu du demi-monde, où il avait toutes ses habitudes, lentement, prudemment, – il n’est pas pour rien un compatriote de Machiavel, — mais absolument. Pensez qu’il n’est plus retourné à Bergame, où il a son palais, ses terres, et toute sa famille, que juste le temps exigé par ses intérêts, et qu’il s’est fixé ici, visiblement sans intention de départ. Pensez surtout