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d’un chirurgien, et qu’elle veuille permettre à notre organisme de ramasser toutes ses forces pour réagir contre un choc que nous n’eussions pas cru devoir supporter sans mourir. Ce fut grâce au terrassement de cette stupeur que Béatrice put écouter l’horrible révélation jusqu’au bout. La même stupeur qui faisait d’elle à cette seconde un véritable automate fut la cause qu’elle obéit mécaniquement à la suggestion impérative du terrible homme, lui ordonnant de rentrer chez elle. Sans répondre un mot, sans verser une larme, elle se leva de sa chaise et sortit de la chambre du pas d’une somnambule. Ce fut dans le corridor, dont les domestiques n’avaient pas encore éteint les lampes, qu’elle réalisa pour la première fois toute la hideur de l’atroce brutalité qu’elle venait de subir, et une terreur folle l’envahit celle que sa mère ne l’attendît là, pour savoir le résultat de l’entretien. Heureusement il n’en était rien, Mme Nortier avait tout naturellement pensé que si cet entretien entre Nortier et Béatrice avait lieu, celle-ci viendrait le lui raconter dans sa chambre. L’idée de cette rencontre avec cette mère sur laquelle elle venait d’