dans ces contrées d’une fécondité prodigieuse et meurtrière. La volonté individuelle s’est fondue à ce torride soleil, comme un métal dans un brasier trop ardent, et la doctrine du nirvâna, de la diffusion anéantissante et divine au sein de cet univers trop vaste, est apparue, conséquence inévitable de l’écrasement de l’être chétif sous la démesurée, la monstrueuse poussée de la création.
La vie est comme l’onde où tombe un corps pesant :
Un cercle étroit s’y forme et va s’élargissant,
Et disparaît enfin dans sa grandeur sans terme.
La Mâya te séduit, mais, si ton cœur est ferme,
Tu verras s’envoler comme un peu de vapeur
La colère et l’amour, le désir et la peur,
Et le monde illusoire aux formes innombrables
S’écroulera sous toi comme un monceau de sable...
Ainsi parle le vieux Viçvamitra, debout dans sa
clairière depuis des années ;
Et gardant à jamais sa rigide attitude,
Il rêvait comme un Dieu fait d’un bloc sec et rude.
Oui, c’est bien l’attitude, ce sont bien les paroles,
ce sont bien les rêves qui conviennent à l’homme
emporté par le tourbillon de l’universelle
tempête, qui se comprend misérable et n’espère plus