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S’il est à Paris, il a sous les yeux le décor des rues, des magasins, des salons, la cohue des intérêts rivaux, la mêlée des passions, une masse énorme d’hommes et de femmes qui vont et qui viennent, tous marqués au sceau des mœurs de l’époque. Qu’il reproduise sur le papier et par le moyen de mots adaptés ces mœurs et ce décor, consciencieusement, exactement, n’aura-t-il pas exécuté le programme d’un art tout contemporain et par suite aussi vivant qu’original ? S’il est en province, il a devant lui le paysage rustique, l’âme villageoise et ses coutumes à transcrire, toute la réalité d’un monde instinctif à faire passer dans ses livres, avec sa couleur ou tragique ou heureuse, — et c’est bien ainsi que procède toute l’école actuelle, depuis MM. Émile Zola et Alphonse Daudet jusqu’à MM. J.-K. Huysmans et Paul Alexis, depuis M. Paul Arène jusqu’à M. Émile Pouvillon.

En toute matière, les solutions simples ont beaucoup de chances d’être incomplètes. Mais c’est en esthétique surtout que les problèmes aux données multiples exigent des solutions multiples aussi. Examinons cette phrase d’apparence si lucide : « Copier ce que l’on voit ; » nous trouverons qu’elle recèle une complication sin-