Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/72

Cette page n’a pas encore été corrigée

représentantes de l’élégance cosmopolite, et même de simples femmes d’artistes, en train de poursuivre la fortune de leurs maris à travers les dîners en ville et les réceptions. Mais, pour un nouveau venu comme René Vincy, aucune des particularités sociales qui distribuaient ce salon en une série de petits groupes très distincts n’était perceptible. Il regardait ce spectacle, qui dépassait, comme première impression de luxe étalé, toutes ses chimères de jeune homme. Au milieu du brouhaha des voix, il se laissait présenter à quelques-uns des hommes qui se rencontraient sur le passage, et à quelques-unes des femmes du dernier rang des chaises. Il s’inclinait, balbutiait quelques mots en réponse aux compliments que les plus aimables lui formulaient. Madame Komof qui voyait son trouble, eut la charité de ne pas le quitter, d’autant plus que Claude, en proie sans doute à une nouvelle crise de sa passion, avait disparu.— Il devait être entré dans les coulisses, — et quand les trois coups résonnèrent, le poète se trouva tout naturellement assis auprès de la comtesse, dans l’ombre d’un des arbustes qui entouraient la colonne de l’ancêtre. Quel bonheur qu’il eût ainsi une place d’où il pouvait échapper aux regards !