comme il lui arrivait quelquefois, « ma rose blonde. » Cette allusion à la célèbre romance d’Alfred de Musset n’allait jamais sans un baiser. Musset représentait, pour Moraines, la jeunesse et l’amour, avec un coin de mauvais sujet, et c’était la naïve fatuité de ce brave garçon de se poser à ses propres yeux comme traitant Suzanne en amant et non en mari. Il était de ces étranges époux qui vous diraient volontiers en confidence : « J’ai tout appris à ma femme, c’est la seule manière de lui ôter toute curiosité… » En attendant, il était amoureux de sa « rose blonde » comme au premier jour, et il le lui prouva, ce matin encore, par la manière dont il lui baisa la nuque, tandis qu’elle le repoussait, en disant :
— « Allons, laisse-moi finir ma lettre et prépare le thé… »
Elle savait bien que Paul ne lui demanderait jamais aucun détail au sujet de sa correspondance, et cela lui procurait une si douce sensation de se réchauffer au feu des phrases du jeune homme, qu’elle ne se contenta pas de lire cette lettre une fois ; elle la relut, puis elle la plia en deux et la glissa dans son corsage. Elle avait, en venant prendre place à la table, devant la fine tasse de porcelaine où blondissait déjà le thé, un tel rayonnement sur son visage que Moraines lui