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la tête sur ses genoux. Puis, revenant à son projet, – pour justifier derechef à ses propres yeux l’intimité trop grande de cet entretien, – elle ajouta : – « Quel dommage que ma sœur soit partie avant-hier ! Elle qui s’intéresse tant aux récits de voyage, elle se serait beaucoup plu à causer avec le commandant !… » Elle observait ce dernier, du coin de l’œil, en prononçant ces mots. Il lui sembla qu’à cette mention de la voyageuse, il avait tressailli légèrement. « Si pourtant elle lui avait déjà fait une impression ? » Cette petite phrase se prononça en elle, distinctement, et fut la cause que, s’étant levée pour continuer seule se promenade avec sa fille, elle laissa Favelles et Brissonnet l’accompagner sans plus de remords, inavoués ou non. S’il était vrai que le souvenir d’Agathe aperçue quelques instants à la portière d’un wagon resta si vif dans la mémoire de l’officier, la moitié du travail était faite. Les huit jours qu’elle avait à passer aux eaux avec le jeune homme suffiraient à parachever le reste.



Madeleine Liébaut ne s’était pas trompée : celui dont elle rêvait romanesquement de faire