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rieuse des eaux de Ragatz. Il était devant elle, – mais seul, – et, s’excusant de l’aborder, il la questionnait sur le départ de Mme de Métis. Ensuite, sans autre préambule :

– « J’avais à dîner ce soir quelqu’un qui vous aurait bien intéressée, le commandant Louis Brissonnet. »

– « Le compagnon du colonel Marchand ?… demanda Madeleine, avec un sursaut de curiosité spontanée dont elle s’étonna elle-même. Un trouble passa sur son visage. Favelles ne s’en aperçut pas, dans l’obscurité de l’allée qu’éclairaient mal les réverbères placés de distance en distance. Lui-même était d’ailleurs trop uniquement occupé de ce qu’il eût volontiers appelé son succès pour remarquer une nuance de physionomie, si légère et aussitôt disparue. Tous ceux qui ont suivi, d’après les documents de l’époque, l’héroïque expédition du Congo-Nil se rappellent qu’un des corps qui la composaient, séparé par une erreur de route du reste de la troupe, à quelques lieues du Bahr-el-Gazal, et assailli par la plus féroce tribu de cette féroce contrée, dut son salut au sang-froid de Brissonnet, alors lieutenant. Consumé de fièvres et grièvement blessé, il déploya pour arracher ses hommes à un massacre certain une énergie à laquelle son chef, aussi magnanime qu’il est courageux, a rendu un retentissant hommage. Il n’y avait donc rien