Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée

le temps de s’effacer. Madeleine souleva la portière. Elle aperçut sa sœur, et son saisissement fut tel que ses jambes défaillirent. Elle dut s’appuyer contre le mur en continuant de s’accrocher de sa main droite à l’étoffe. Agathe se tenait la tête baissée. Elle avait fait un pas en avant, pour arrêter sa sœur. Maintenant, elle n’osait plus avancer. Brissonnet, lui, après avoir jeté une exclamation de surprise, regardait alternativement les deux sœurs. Toutes sortes de sentiments passaient sur son expressive et mâle physionomie ! Enfin l’indignation l’emporta, et, s’adressant à Agathe, il lui dit :

– « Ah ! Madame de Méris, comment avez-vous pu ?… »

– « Monsieur Brissonnet… » supplia la jeune veuve.

– « Tu n’as pas à te justifier. Je ne veux pas que tu te justifies… » s’écria Madeleine qui avait eu la force de se dresser entre sa sœur et l’officier, « C’est moi, monsieur, » continua-t-elle en se tournant vers Brissonnet, « qui ai voulu que ma sœur assistât cachée à notre entretien… Oui, » insista-t-elle, impérieusement, « c’est moi… J’ai voulu qu’elle apprît de votre propre bouche le détail de vos vraies intentions sur le seul point que vous eussiez dû aborder… Ce n’est ni sa faute, ni la mienne, si vous en avez abordé un autre… »