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Sa plume rectifiait une virgule, corrigeait un détail d’orthographe, et la seule réalité, sentie par lui, était celle de ses rapports avec sa femme et sa belle-sœur.

– « Madeleine l’a bien compris, » se disait-il, « je ne peux pas ne pas avoir une nouvelle explication avec Agathe… Si ce mariage avec M. Brissonnet doit avoir lieu, il est indispensable que ce point de défiance ait été réduit, qu’il ait disparu, entre les deux sœurs… Si ce mariage ne doit pas avoir lieu, il n’est pas moins nécessaire que toute équivoque soit supprimée. Il faut qu’Agathe soit bien convaincue que sa sœur n’aura été pour rien dans cette non-réussite de son projet. Mais quand vaut-il mieux que nous en ayons causé, elle et moi ? Après la conversation entre Madeleine et M. Brissonnet, ou avant ?… Si je parle après, et que le résultat ait été celui que nous désirons, tout est bien. S’il se trouve avoir été contraire, Agathe me croira-t-elle ?… Évidemment, si je parle avant, mon autorité sera plus grande… Est-ce bien sûr ? Oui, dans l’hypothèse du mariage ; mais dans l’hypothèse opposée et après l’échec, Agathe ne me croira pas davantage… Ah ! qu’elle me croie ou qu’elle ne me croie pas, c’est son affaire ! La mienne est de réparer et tout de suite la faute que j’ai commise envers ma pauvre Madeleine… Oui, je parlerai à ma belle-sœur dès demain matin… Que me répondra-t-elle ?… »