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– « Écoute, Madeleine… Avant de te répondre, il faut que je t’aie fait une confession. Je ne peux pas accepter que tu me parles de la sorte et que moi, je me taise. Je ne le dois pas… Depuis que tu as commencé de me raconter ta conversation d’aujourd’hui avec ta sœur, la vérité me brûle les lèvres… Moi aussi, j’ai causé avec ta sœur aujourd’hui, tout à l’heure. J’arrive de chez elle… Tout ce que tu viens de me dire, elle me l’avait dit… Laisse-moi continuer, » insista-t-il comme Madeleine esquissait un geste d’étonnement. « Il faut que tu saches pourquoi je ne t’ai pas interrompue, dès les premiers mots… Il y a trop longtemps que ce secret m’étouffe, et quand je te vois si droite, si simple, si vraie, comme tu viens de l’être, je ne supporte pas de nourrir à part moi des idées que je te cache… Ne me réponds pas encore, » fit-il de nouveau, sur un second geste. « J’ai le courage de parler, à cette minute. Je ne suis pas sûr de l’avoir plus tard… Pourquoi je ne t’ai pas interrompue ? » répéta-t-il. « Je voulais savoir si tu me rapporterais exactement ce que m’avait dit Agathe. C’est une épreuve, ah ! bien honteuse, à laquelle je t’ai soumise, parce que… » il hésita un moment, « parce que je suis jaloux !… Le mot est prononcé, l’horrible mot !… Vois-tu, j’ai trop souffert depuis ces dernières semaines. Ces assiduités de M. Brissonnet dans notre milieu, dont tu me parles, je les ai remarquées, comme toi. Comme toi,